Avec les Napoleons, on remet du progrès dans notre futur
Le futur, c’était mieux avant ! Aujourd’hui, il nous évoque des crises climatiques, économiques, sociales et politiques. On l’associe au danger de l’intelligence artificielle et à l’extinction des espèces. Et le progrès dans tout ça ?
Réhabilitons le progrès !
Au cœur de la 9ème édition des Napoleons, qui s’est tenue à Val d’Isère du 9 au 12 janvier 2019, le grand come-back du progrès – cette notion que l’on a longtemps écrit avec une majuscule et qui a peu à peu disparu au profit de « l’innovation ». Pour le philo-physicien Étienne Klein, c’est dommageable. Croire au progrès, c’est penser que le futur n’est pas immuable. Que ce qui va mal dans une société peut être rectifié.
À nous de choisir entre un futur désirable ou catastrophique. Si l’on veut travailler – dur – ou finir coincés aux côtés d’une armée de cyborgs sur une planète décimée. Si l’on veut venir à bout des inégalités. La gymnastique est exigeante et demande au moins deux choses :
– Renverser la temporalité qui voudrait que l’âge d’or de l’humanité se situe dans le passé pour choisir de le placer dans le futur.
– Être courageux. C’est-à-dire accepter de combiner ses désirs et ses connaissances.
Soyons utopistes !
Si l’exercice n’a rien de confortable, il s’avère absolument nécessaire. Et pour le provoquer, il faut opérer un changement de cadre. L’utopiste Sandrine Roudaut rappelle que les premiers groupes de défense du vivant se sont créés lorsqu’Apollo 13 a envoyé des photos de la Terre depuis l’espace, et que l’on a pu constater des dégâts que l’on imaginait pas. « Quand tu décadres, tu affrontes », analyse-t-elle.
Pour elle, pas d’autre solution que celle d’être utopiste. Mais attention, dans le vrai sens du terme.
L’utopie, c’est ce qui n’est pas réalisé – et que nous avons traduit par ce qui n’est pas réalisable. « Ça montre un manque d’audace, un manque d’espoir, et la peur de rêver grand. »
Elle le rappelle : le contraire de l’utopie, c’est le conservatisme. Pas le réalisme.
Soyons radicaux !
Or, puisqu’il faut changer de modèles – de A à Z – pas question d’être conservateur. Au fil des interventions, les témoignages s’enchaînent, et semblent s’aligner sur les propos de Sandrine Roudaut qui vante le retour du radicalisme. Là encore, le mot a été écorné. Être radical n’est pas être dangereux. C’est être ambitieux, ne pas accepter les transitions molles. Y aller franco, sans détour ni hésitation. Est-ce qu’aujourd’hui, on imaginerait une « transition esclavagiste » ? Non. À enjeu vital, changement radical. On n’adoucit pas le système, on le change. En 2016, une étude de Santé Publique estimait à 48 000 le nombre de personnes mortes à cause de la pollution chaque année. « Si on n’est pas radical, on se donne quoi comme objectifs ? Un quota d’enfants asthmatiques ? On ne respire qu’un jour sur quatre pour consommer l’air de façon responsable ? »
Même son de cloche chez le militant Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd. Ce-dernier regrette que le maintien des profits et d’emplois obsolètes soit plus important que celui des espèces. « Il n’y a que trois vertus qui peuvent changer le monde. L’imagination, la passion, et le courage. »
Allez… quand est-ce qu’on s’y met ?
Évidemment, certains diront que c’est culpabilisant. En réalité, ce futur ancré dans le progrès est incroyablement motivant. Quoi de plus stimulant que de se dire que nous sommes la génération qui peut – qui doit – changer les choses ? Certes, c’est une sacrée responsabilité. Mais nous avons les outils et la connaissance nécessaires pour faire la bascule. On imagine. On teste. On déploie. Et on avance. On progresse en somme.
Ensemble.
Article en ligne sur le site de l’ADN . Auteure Mélanie Roosen