Voilà… aller au calage un 18 juin, pour un manuscrit dont j’ai posé le premier mot un 26 mars. De la Commune de Paris à l’appel à la Résistance, du premier « hasard » au dernier, l’Histoire penchée sur un roman qui nous invite à une filiation dans ce monde.
On y est et j’en ai quasiment rien dit, planquée. 26 mars 2019 je me suis lancée, au milieu des milliards d’idées qui me trottaient dans la tête, j’ai lâché la confusion et j’ai écrit une première page, le truc qui me venait ce matin-là, un livre a pris la main, un personnage, un endroit, une époque, tiens un futur proche, c’était parti. La transe pendant des mois, un chapitre chassant l’autre. Tiens autre époque, autre lieu, autre personnage. Moins d’un an plus tard vint l’euphorie, deux semaines de partage avec mon premier relecteur, ça tenait la route ! Il était « embarqué » , ses mots furent des coups au coeur. Puis la descente tranquille, quelques semaines plus tard après ma seconde relectrice et mon éditeur de mari… enthousiastes aussi, mais aussi les indications, précises, faut y retourner, finie l’euphorie…
Mars 2020 terrorisée de devoir le peaufiner, redescendre dans le mental alors que des mois durant il n’y avait que l’intuition en flux continu, ces centaines de milliers de signes venant de je ne sais où, je ne me souviens même pas les avoir écrits, toutes ces heures je ne sais pas où je les ai trouvées.
Avec le mental viennent les nœuds, les doutes, avec le mental reviennent les peurs, les barrières qu’on se met…
Avril 2020, mes relecteurs, les amis libraires, le diffuseur disent qu’il faut se dépêcher, que cette histoire résonne avec l’époque, qu’elle peut lui faire du bien, qu’il faut accélérer. Alors on replonge, l’urgence en plus des doutes, bizarrement ça s’annule l’un l’autre. Revient l’évidence, on reprend la plume et donc, à force de pédaler, paf on retrouve l’élan, à nouveau euphorique.
Les personnages t’embarquent, OK les charger dès le départ de ce qu’ils étaient devenus au fil de l’écriture et puis épurer, et jauger les mots, non non non ne pas rajouter cette nouvelle idée de sous la douche, non Sandrine ! La griffonner sur un post it la mettre dans un tiroir qui déborde déjà, tiroir marqué « roman ». Des semaines durant, sept jours sur sept. Et s’étonner de ses propres intrigues, se faire cueillir c’est bon.
Et puis entrer en mise en page, en BAT, ne plus rien pouvoir changer à ce livre peaufiné, à nouveau angoisser. Comment peut-on être aussi certaine d’avoir écrit une bombe (si si, la prétention est nécessaire à l’auteure:) ) pour plonger ensuite dans les abysses du doute hyperbolique. L’angoisse, ce poids très particulier, insomnies en série.
Paralysée… Non j’arrivais pas à dire… que ça y est, il va sortir, le 3 septembre en librairie, qu’il sera imprimé dans une semaine, et de quoi il parle. Impossible d’écrire, j’avais perdu le fil… le fil de l’urgence de ce livre.
Et puis voilà, une première personne a relu le BAT. M’a appelé, m’en a parlé, elle était embarquée. À fond. J’en ai pleuré… Avant elle ce livre, n’avait pas d’existence. J’ai retrouvé le fil, il suffisait qu’il redevienne un livre. Pas mon urgence, pas mes espoirs, ni mes angoisses ou mon intention, non un vrai roman. Le livre qu’il a été dès le début. Celui qui m’a échappé dès le premier mot que j’ai posé ce 26 mars 2019.
Quant à l’histoire j’en dirais plus dans une semaine quand ils seront imprimés.
Un immense merci à Stéphane Roger mon premier relecteur ✨, à Aline Connabel et Yannick Roudaut . Que je vais bien finir par lâcher avec mes angoisses et mes euphories. (NB : je me fatigue moi même)
L’occasion de dire qu’un livre c’est aussi un bel objet. Chez Alternité – Éd La Mer Salée c’est un imprimeur à moins de 100km Imprimerie Offset 5 des super professionnels avec lesquels nous travaillons sur l’empreinte écologique, un des meilleurs metteurs en page français PCA/CMB découvert à moins de 5km, partenaire chaleureux dès le premier livre, et une super créa nantaise et nouvellement maman Florence Boudet et voilà… une petite famille d’artisans quoi.
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Sandrine Roudaut, auteure