Genre… « la neutralité » !?

Genre… « la neutralité » !?

La neutralité quête ultime de sagesse ou esquive confortable ?

J’écoutais une émission sur Dubaï, sa « complexité », ses « paradoxes » . Carlos Moreno toujours très juste allait de la ville monde à la ville immonde. Et me voilà interpellée par le ton ironique de Christine Ockrent, pas dupe, quand elle évoque la « neutralité » avancée par Dubaï pour justifier leur accueil des ressources russes non-gratta depuis la Guerre en Ukraine. Argument cocasse.

Pour 1 fois où elle est interrogée, combien de fois brandit-on la prétendue neutralité pour cajoler la main qui peut punir ou nourrir .

La neutralité, mot scélérat, se prétend au-dessus de la mêlée, on s’y drape comme dans une aura suprême, magnanime. Qui serions-nous pour juger !? Et hop le sujet qui traine ses baskets depuis trop longtemps : éviter de poser des limites morales, voilà à quoi la neutralité nous invite (Et accessoirement… sauver le business.) La neutralité a bien un camp : l’opportunisme ou alors le jeanfoutisme, l’absence de valeur.

Ainsi souvent je me demande si c’est neutre.

De ne pas retoquer Kassovitz quand il dit que la pollution n’existe pas sur une chaine publique… Neutre s’apparente dans ce cas à « passe plat » pour climatosceptique. Je note qu’il n’y a point de neutralité journalistique quand un invité se prononce contre le capitalisme.

Neutralité à géométrie variable, la neutralité n’est donc pas neutre.

Est ce neutre d’inviter et de traiter le RN comme si c’était un parti normal ? L’Histoire a tendance à bégayer.

Est-ce neutre de ne pas condamner l’assassinat d’êtres humains en Palestine, en Israël , au Liban…

Est-ce neutre de ne pas réagir quand des femmes sont interdites de vie: ne pas conduire, ne pas montrer ses cheveux, ne pas faire d’études, ne pas danser, chanter, ne pas avorter d’un viol, ne pas parler sur la voie publique… ne pas vivre, parce que femme.

« Genre » que j’ai mis en titre, en référence au mot parasite de toute une génération, a aussi un sens. En Allemand le neutre est un genre, aux côtés du féminin et du masculin. Mais si le neutre est un genre, le genre n’est pas neutre. Pensez-vous vraiment qu’il y aurait cette même « neutralité » (entendez inaction) si nous avions affaire à des Talibanes qui soumettent, violent, tuent, interdisaient tout aux hommes, parce que hommes ?

Pour paraphraser Sartre nous sommes qu’on le veuille ou non, solidaires d’une époque, nous prenons part. Les neutres prennent le parti de la lâcheté, celui de l’insensibilité, ils facilitent la victoire de la violence, sa « normalité ». Et ça ne neutralise rien, au contraire.

La neutralité n’a rien de glorieux.

L’inverse de la neutralité en revanche est noble,

c’est le choix, le courage de ses convictions, l’écoute de sa sensibilité, l’alignement avec ses valeurs. C’est l’engagement. Voilà  un mot qui devrait gagner ses lettres de sagesse.

Ne jamais laisser passer ces petits mots scélérats, et valoriser ceux que l’époque écorne pour témoigner des glissements qui ne sont jamais neutres 🙂

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